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1922
Les Gadzarts Fenwick
Les Ingénieurs des Arts et Métiers, familièrement appelés « Gars des Arts et Métiers » ou « Gadzarts », sont recrutés en nombre dès le début des années 1920. Sous leur impulsion, la branche manutention se développe progressivement.
1922
Les Gadzarts Fenwick
Les Ingénieurs des Arts et Métiers, familièrement appelés « Gars des Arts et Métiers » ou « Gadzarts », présents en nombre chez Fenwick, sont recrutés dès le début des années 1920.
Sous leur impulsion, la branche manutention se développe progressivement. Auteurs de nombreux articles scientifiques et commerciaux, ils contribuent à diffuser l’intérêt des matériels de manutention moderne dans le domaine industriel (exemple : « Les chariots électriques dans l’industrie automobile » écrit par Henry Faron, paru en avril 1930 dans la revue Le Véhicule électrique).
Le lancement de l’activité de production de chariots entraîne le recrutement d’un nouveau type de personnel qualifié : les ingénieurs issus de l’école des Arts et Métiers de Paris. Fondée en 1780, elle forme des ingénieurs de haute compétence technique autour du génie mécanique et du génie industriel. Pendant les années 1920, de nombreux « gadzarts » sont recrutés pour occuper les postes commerciaux et techniques clés de l’entreprise.
En 1922 puis 1923, deux ingénieurs Arts et Métiers entrent chez Fenwick : Marcel Mouget, chargé des contacts techniques avec Yale pour la commercialisation des matériels de manutention et Georges Caladou, recruté comme ingénieur commercial.
En 1925, M. Grimault, ingénieur des Arts et Métiers, est nommé directeur des fabrications avec pour mission d’établir les plans, d’approvisionner en matières premières et en pièces, de surveiller les ateliers de Saint-Ouen et les fabrications extérieures ainsi que le calcul des prix de revient. En 1926, un nouveau gadzart est recruté, Eugène Bizet, au poste de responsable des ventes dans le domaine de la manutention, chargé de superviser les fabrications de l’atelier de Saint-Ouen auquel est adjoint un premier poste de dessinateur.
Cette même année arrive également Henry Faron, également ingénieur des Arts et Métiers, qui entame une longue carrière dans l’entreprise : entré comme ingénieur commercial, il finira au poste de Directeur Général dans les années 1960.
En 1928, un nouvel ingénieur Arts et Métiers rejoint l’équipe, René Macquin, à qui l’on confie les études et l’ordonnancement des achats au siège de la rue Rocroy.
En 1929, le service « chariots » de la branche manutention de l’entreprise emploie une vingtaine de personnes dont six ingénieurs Arts et Métiers qui coordonnent la nouvelle équipe manutention.
1923
Le KF202 chez Citroën
En 1923, le premier chariot électrique est assemblé dans l’atelier de Saint-Ouen. Il s’agit d’un KF202 qui est livré à l’entreprise Citroën la même année.
1923
le KF202 chez Citroën
En 1923, le premier chariot électrique est assemblé dans l’atelier de Saint-Ouen. Il s’agit d’un KF202 qui est livré à l’entreprise Citroën la même année.
L’industrie automobile est alors en plein essor et représente pour Fenwick un secteur d’activité important . En France, la marque Citroën tente depuis la fin de la Première Guerre mondiale de démocratiser l’automobile par le développement de la production en série.
Produire en masse pour baisser les prix, telle est l’ambition d’André Citroën, qui en 1923 voyage aux États-Unis. Il y rencontre son homologue, Henry Ford, qui lui présente ses méthodes modernes de travail et des outils nouveaux qui inspirent l’entrepreneur français.
André Citroën rapporte en France son expérience américaine et introduit à son tour les méthodes et les machines modernes découvertes outre-Atlantique.
L’achat de matériel de manutention moderne représente ce tournant vers un mode de production nouveau, inspiré du modèle américain dont l’industrie est particulièrement florissante.
Alors que la production atteint cette année-là près de 3500 véhicules par mois, l’arrivée de ces nouveaux chariots électriques vient soutenir les nouvelles cadences engendrées par l’application du fordisme dans les usines parisiennes.
1925
Les chariots à la foire de Paris
La foire de Paris accueille depuis 1904 des visiteurs venus découvrir des produits exposés par divers corps de métier. Pour les entreprises, la foire est un vecteur publicitaire et Fenwick y réalise une partie de sa promotion au cours des années 1920.
1925
Les chariots à la foire de Paris
Grand événement annuel, la foire de Paris accueille depuis 1904 des visiteurs venus découvrir des centaines de produits exposés par des artisans de divers corps de métier. Pour les exposants, la foire est un important vecteur publicitaire.
Fenwick y réalise une importante partie de sa promotion au cours des années 1920, asseyant ainsi sa renommée auprès du grand public.
En 1925, Fenwick est invité pour la première fois à organiser un service de transport intérieur des visiteurs de la foire au moyen de ses véhicules électriques. Elle met à disposition deux véhicules équipés de banquettes permettant de transporter huit personnes. Ce matériel est réutilisé la même année pour le Salon des Arts décoratifs.
Les deux années suivantes, la Foire de Paris fait l’achat de deux véhicules Fenwick et en loue dix autres, témoignant du succès rencontré par ce dispositif en 1925.
Ces mêmes années, la foire de Paris met également un stand à la disposition de Fenwick pour la recharge de batteries et l’exposition de matériels de la marque : machine-outil et matériel de manutention.
La prestation de transport, ajoutée à l’exposition de matériel sur un stand, contribue à la renommée de Fenwick dont le nom s’affiche sur l’ensemble des véhicules électriques qui parcourent la foire.
Paul Couret, démonstrateur chez Fenwick, raconte le déroulement des journées durant lesquelles des conducteurs embauchés pour la durée de l’événement assuraient le transport de milliers de visiteurs, de 9 heures à 19 heures.
Conducteur lui-même lors de cet événement, il se souvient avoir eu l’honneur de transporter le Président de la République Paul Doumer dans une camionnette électrique.
En 1927, le magazine Le Véhicule électrique du mois de novembre estime à près de 50 000 le nombre de voyageurs transportés par les véhicules Fenwick.
En 1928, la foire décide de passer avec Fenwick un nouveau contrat confiant l’exploitation du transport de visiteurs à l’entreprise pour une durée de 3 ans.
1927
Le premier KF200 made in France
3
Tonnes
Capacité maximum
833
kgs
Poids du chariot sans batterie
50
50 ampères
Moteur : série, type EM, complètement blindé 36 volts,
1927
Le premier KF200 made in France
Le KF200 a pour Fenwick une portée symbolique : c’est le premier chariot monté avec des ensembles fabriqués en France dans l’atelier de Saint-Ouen, en 1927.
Le KF200 est un tracteur-porteur à quatre roues directrices, destiné au transport rapide de marchandises. Sa plateforme relativement étroite et son court rayon de rotation en font un chariot idéal pour circuler aisément dans les endroits les plus encombrés. Il est suspendu par quatre ressorts et son grand diamètre de roues lui permet de rouler sans aucun inconvénient sur les pavés et les mauvaises routes.
Le KF200 peut être démonté ou remonté complètement en moins d’une heure, pour nettoyage ou révision. Un dispositif d’attelage lui permet de tirer des remorques auxiliaires produites par Fenwick, une adaptation avantageuse dans les manutentions de marchandises légères ou encombrantes.
Pour répondre à des besoins spéciaux, certains dispositifs tels que treuils, grues à bras ou électriques, bennes basculantes, peuvent être montés sur le chariot et en augmentent ainsi considérablement les conditions d’applications.
1928
Le Centaure Électrique du Familistère
Pour le Familistère, Fenwick produit un tracteur sur mesure : le Centaure Électrique. Il doit remplacer les chevaux utilisés pour tirer les voitures de transbordements entre les quais desservant les magasins centraux.
1928
Le Familistère
Fenwick produit un modèle sur mesure : le Centaure Électrique pour le Familistère.
En 1928, un accord d’exclusivité est signé avec les Docks Rémois, centrale d’approvisionnement des magasins Familistère, afin d’assurer le développement technique et commercial d’un nouveau tracteur, conçu sur la base du tracteur électrique KF 200.
Baptisé le « Centaure Électrique », les premiers exemplaires du tracteur sont développés avec un ingénieur des Docks Rémois. L’objectif est de remplacer les chevaux tirant les voitures utilisées pour les transbordements entre les quais desservant les magasins centraux.
Sur ce modèle et avec des composants du KF 200, dix exemplaires du Centaure Électrique sont produits, destinés à tirer des remorques fermées pour l’approvisionnement des succursales du Familistère.
Le succès rencontré par le Centaure Électrique est tel que l’ancien système de tirage par des chevaux est entièrement abandonné au profit de l’utilisation de ces matériels de manutention.
Cet accord commercial révèle la capacité de Fenwick à répondre à des demandes spécifiques et à mettre en œuvre son savoir-faire pour des produits plus spécialisés.
Ce premier contrat marque également l’entrée de Fenwick dans le domaine de la distribution, un secteur prometteur qui, avec le développement de la grande distribution dans la période d’après-guerre, va fournir une part importante de la clientèle de la société.
Le Centaure est remplacé après de nombreuses années de loyaux services par de nouveaux chariots : les chariots élévateurs à grande levée de 2,3 à 5 tonnes.
1932
Les chariots au Musée du Louvre
Les chariots Fenwick trouvent ponctuellement des clients plus étonnants : après avoir promené des milliers de visiteurs lors des Foires de Paris, dont un Président de la République française, le chariot Fenwick investit les couloirs du musée du Louvre.
1932
Les chariots au musée du Louvre
Durant l’entre-deux-guerres, les chariots Fenwick investissent les entreprises industrielles et les enseignes de distribution.
Ils trouvent ponctuellement des clients plus étonnants : après avoir promené des milliers de visiteurs lors des Foires de Paris, dont un Président de la République française, le chariot Fenwick investit les couloirs du plus grand musée du monde, le Louvre.
En 1932, un vaste chantier de réorganisation est entamé dans les salles du département des sculptures du Louvre, sous la direction de son conservateur, Paul Vitry. Désireux d’ordonner les œuvres selon un parcours pédagogique cohérent, Paul Vitry reconfigure entièrement les salles réservées aux sculptures. Cette réorganisation muséographique nécessite le déplacement de centaines d’imposantes sculptures !
Afin d’accomplir cette opération délicate, exigeant une rigueur et une minutie totale afin d’éviter toute altération des œuvres lors du processus de déplacement, le Louvre se munit de chariots de manutention moderne et opte pour la gamme récente des KF202 Fenwick, développée à la fin des années 1920.
C’est ainsi que circulent pendant plusieurs semaines, dans les salons dorés du Louvre, une flotte de KF202 transportant les plus grands chefs-d’œuvre de la sculpture.
Une nouvelle façon pour Fenwick de démontrer la pluralité de ses domaines d’intervention, allant bien au-delà de l’industrie classique qui constitue sa clientèle principale.
1934
Le rachat de la Compagnie des Chariots et Tracteurs Automatic
À cette période se développent des petites locomotives à accumulateurs, principalement exploitées dans les mines. Ces dernières font leur apparition au sein de la gamme Fenwick en 1934 suite au rachat de la Compagnie Automatic.
1934
Le rachat de la Compagnie des Chariots et Tracteurs Automatic
La branche manutention de l’entreprise Fenwick se développe continuellement dans le courant des années 1930, grâce à la fabrication de chariots mais aussi avec le développement de gammes plus spécifiques.
Ainsi, le véhicule électrique connaît un vif succès dans les grandes foires et les expositions (il est notamment utilisé dès 1925 à la Foire de Paris et à l’Exposition Coloniale en 1931). De la même manière, c’est la période où se développe les petites locomotives à accumulateurs principalement exploitées dans les mines.
Ces dernières font leur apparition au sein de la gamme Fenwick à partir de 1934 avec le rachat de la Compagnie des Chariots et Tracteurs Automatic. L’entreprise dont les ateliers sont situés à Orléans produit cette gamme spécifique de locomotives ainsi que des tracteurs électriques sur accumulateurs.
Cette nouvelle acquisition s’avère doublement stratégique pour Fenwick : elle lui permet d’accroître sa gamme en développant un nouveau type de produit, traduisant la volonté de diversification de l’entreprise dans le domaine de la production de matériels de manutention, et elle élimine un concurrent sur la gamme du tracteur électrique.
1940
L'URBEL / CITTUB
En 1940, Henry Faron rentre du front et a l’idée, avec un ami ingénieur des Arts et Métiers de Citroën, de pallier la pénurie de carburant en installant des moteurs électriques de chariots sur les TUB, véhicules utilitaires Citroën, pour en faire des ambulances pendant l’occupation.
1940 – 1944
L’URBEL / CITTUB
En 1940, Henry Faron rentre du front et a l’idée, avec un ami ingénieur des Arts et Métiers de Citroën, de pallier la pénurie de carburant en installant des moteurs électriques de chariots sur les TUB, véhicules utilitaires Citroën.
Le TUB est un chariot utilitaire à traction avant, produit à environ 2000 exemplaires par Citroën entre 1939 et 1941. De couleur gris tôle, il se caractérise par ses portes coulissantes et est reconnaissable à sa grille avant.
Renommé l’URBEL, on estime à environ une centaine le nombre de ces matériels produits et commercialisés pendant cette période. Du TUB, l’URBEL garde la carrosserie, le toit en cuir, les pans bâchés percés de fenêtres et la porte arrière double.
Fenwick y intègre un moteur électrique de 540kg et des batteries. Prévu pour une charge utile de 1000 kilos, l’URBEL peut atteindre la vitesse maximale de 50km/heure. La calandre Citroën est remplacée par une tôle qui arbore le logo Fenwick.
Pendant la période de l’occupation, Fenwick a l’idée d’utiliser ces matériels pour en faire des ambulances, afin de pallier la pénurie de carburants qui empêche le transport des blessés dans la capitale.
L’entreprise crée alors la Société des Ambulances Parisiennes et fait appel à Carrier, carrossier spécialisé, pour réaliser des modifications sur l’URBEL et le transformer en ambulance capable de transporter simultanément jusqu’à 6 blessés !
Ces modèles spécialisés seront notamment utilisés par la Ville de Paris jusqu’en 1944.
Fenwick utilise l’URBEL pendant des années pour assurer les liaisons entre son siège de la rue Fénelon à Paris et l’usine de la rue Godillot à Saint-Ouen. Un modèle est notamment utilisé pour transférer une fois par mois la paie des ouvriers grâce à un petit coffre-fort situé sous le plancher.
L’URBEL sera utilisé par de nombreuses entreprises parisiennes, et ce, jusqu’aux années 1970.